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vendredi 1er juin 2012 à 20h30

Black Power Mixtape 1967-1975

Soirée ciné-conférence musicale par Vincent Sermet

organisée en partenariat avec l'association COMBO 95, réseau des musiques actuelles du Val d'Oise

Après la projection, Vincent Sermet offrira un éclairage et un prolongement sur le documentaire. Il présentera le contexte des années 60 et 70, une période très riche musicalement, socialement et politiquement aux Etats-Unis, et placera les repères principaux concernant la communauté afro-américaine de l'époque. Vincent Sermet est docteur en histoire, auteur de l'ouvrage «Les musiques soul et funk. La France qui Groove des années 1960 à nos jours» et créateur du site Wegofunk (www.wegofunk.com)


Film : Black Power Mixtape 1967-1975

Göran Hugo OLSSON - documentaire Suède 2011 1h33mn VOSTF -

BLACK POWER MIXTAPE 1967-1975

Le saviez-vous ? Les archives de la télévision suédoise recèlent plus de documents sur l'agitation politique américaine des années 60-70 que les États-Unis eux-mêmes ! Les réalisateurs suédois de l'époque, fascinés par la question raciale et les mouvements protestataires, traversaient en effet fréquemment l'Atlantique pour filmer ce qui se tramait dans les marges de l'histoire américaine. C'est ainsi que le cinéaste Göran Olsson, après de longs mois de recherche dans les archives des télévisions de son pays, est arrivé à exhumer ces images, retraçant presque une décennie de combats.

Ce qui frappe d'abord, c'est cette parole claire et déterminée dans la bouche de ces jeunes activistes afro-américains. La verve militante de Sokely Carmichael, auteur en 1967 de l'ouvrage capital Black Power, donne le ton en début de film. Ensuite c'est au tour de Bobby Seale, Huey P. Newton et Eldridge Cleaver, tous les trois piliers des Blacks Panthers, de rappeler la rhétorique militariste radicale qui avait cours durant cette période. La détermination, c'est aussi ce qui ressort de la parole d'Angela Davis, symbole de la lutte noire et grand personnage de ce film. Une longue séquence la montre en prison, interviewée par un journaliste. La colère qui la gagne, lorsque celui-ci lui demande si elle approuve l'usage de la violence, vaut tous les manifestes révolutionnaires. Pour tous ces gens, la coupe était pleine. Trop d'humiliations pour pouvoir faire marche arrière. Il fallait agir avec des mots et des actes pour renverser le cours de l'Histoire. Mais si la lutte était belle, il fallait en payer le prix fort et les vagues de répression et d'assassinats mis en place par le FBI et le gouvernement américain entraînèrent l'érosion progressive des espoirs et des solidarités tout au long des années 70.

Les extraits télévisés sont exclusivement d'époque, captés au plus près par le grain d'une pellicule 16 millimètres, mais le producteur de ce documentaire, l'acteur américain Danny Glover, a demandé à certains porte-parole actuels de la cause afro-américaine d'émettre des commentaires. Les artistes Erykah Badu, Questlove ou le rappeur Talib Kweli donnent ainsi des éclairages extrêmement enrichissants sur l'actualité des questions de race aux Etats-Unis. A ce titre, Talib Kweli révèle que peu de temps après avoir visionné un discours de Stokely Carmichael sur Internet, il a été arrêté à l'aéroport de Los Angeles par toute une troupe d'agents en costume noir qui l'ont interrogé sur les raisons de cet intérêt pour le leader subversif. Une manière de rappeler que, quarante ans plus tard, il subsiste quelques tabous au pays de la libre expression. Si le mouvement est mort au milieu des années 70, ces témoignages prouvent que la conscience de ses partisans n'a pas faibli, et que l'élection d'un président Noir, plutôt que de clore un chapitre, pourrait peut-être avoir rouvert le livre à la page où il avait été refermé.

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/21642
Source : http://www.cinemas-utopia.org/saintouen/index...